•  Allons donc pauvres fous
    Vous qui voyez fleurir au bout de vos éperons
    Une haine violente pour l'être fait de grâce qui se dresse devant vous
     
    Aveuglés par le sang ou l'argent
    Etes vous devenus aveugles à cette grâce immense
    N'avez vous plus de cœur pour faire taire vos lances?
     
    Vous tuez d'un sourire
    Vous emprisonnez d'un rire
    Les derniers rois vaillants d'un monde en perdition
     
    Quelques poignées d'écus
    Quelques mets délicieux
    Et l'aveu consternant que cela justifie l'assassinat perfide dont vous êtes les auteurs
     
    Que ferez-vous alors
    Lorsque s'élevant en vengeur
    Le dauphin rappellera ses instincts de chasseur?
     
    Vous le nommerez cruel
    Vous le couronnerez tueur
    Effaçant la trace vive de son sang sur vos mains.
     
    La nature a ses lois
    Faites en fi, mes chers, je vous en prie
    Mais le jour viendra où de ses droits, elle résonnera...
     
    Ne pleurez pas alors
    Mais vibrez du souvenir
    Que vous êtes les auteurs de ce propre malheur!

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  •  

    Il suffit d'un instant, de ce regard bleuté
    pour balayer d'un trait cette immense océane
    que l'on croyait chahut de blancheur et d'azur
     
    Elle offre soudainement ses profondes abîmes
    dans une voix brisée, perlant sur les rochers
    qui prolonge l'écho des paroles marines
     
    l'homme n'entends plus la lame,
    mais la rumeur sauvage de richesses intimes
    venant s'échouer là, indomptable beauté
     
    Son esprit roule et plonge au sein de cette image
    les ténèbres s'allongent et la lumière se fait
    au yeux du voyageur qui rencontra la mer
     
    Il oublie le soleil, sa clarté et son ciel
    cet astre devient roi des profondes abysses
    sculpteur insaisissable de décors chimériques
     
    Le temps n'a plus sur lui sa terrible influence
    il revit son absence et sa longue décente
    lorsqu'il était là-bas au creux des océans
     
    Son regard est le seul, vestige des souvenirs
    car la mer prends tout
    de la parole au corps
     
    Elle sait devenir reine de l'homme pitoyable
    en lui offrant de voir au son de son silence
    toutes ses humbles grandeurs qu'elle protège en son antre
     
    La mer n'est plus pour lui cet implacable ennemi
    allant de déferlantes de vagues et de tempêtes
    insatiable guerrière et toujours meurtrière
     
    Elle devient seule puissance a se voir condamner
    de plonger la tourmente et les maux de l'homme grave
    dans la quiétude sereine d'une volupté douce
     
    Perdu à tout jamais dans le reflux des vagues
    il y voit le souvenir de l'être majestueux
    qui balaya son corps et happa son esprit
     
    Il vogue maintenant dans ce monde sans souffle
    il entends et comprends ce chant qui est le sien
    brulé par le désir de rejoindre les fonds
     
    Son corps peu être à terre
    son esprit est aux mers
    il le sait, il le sent, il y retournera

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          Dans mon jeune âge alors, bercée par l'idéal d'un homme foncièrement bon, j'ai questionné l'un deux sur les dauphins des zoo: « Mais dites moi, monsieur, sont-ils vraiment heureux? ». D'une voix claironnante du savoir mensonger, il me dit sans trembler: « Mais bien sur mon enfant, n'a tu pas remarqué qu'il nous sourit gaiement?! ». Mes yeux se détournant, allant chercher d'eux-même la preuve par l'image, ont perçut en effet cet aveu de bonheur. Mais une question encore: « N'est-ce pas là une affaire de silhouette ou de morphologie? ». Pas une once de silence avant cette réponse de l'homme coutumier aux fables hypocrites: « Mais allons mon enfant, la chose est impossible! C'est sa félicité qui lui donne cet air, et non pas la nature! Cesses donc de t'interroger, et rends lui ce doux rire qu'il t'adresse en cette heure! » Cette enfant que j'étais abandonna ses doutes, se plongeant sans détour dans une foi ancrée, faite de naïveté.
     
          Durant de longues années, j'ai vu le dauphin bleu, ce virevoltant captif, comme l'être le plus heureux de toute la création. A dire vrai, c'est qu'on m'a bien aidé! Ne dit-on pas partout que son sourire fait foi? Qu'il est la preuve souveraine qu'il ne peut se morfondre? Peut-on rire en pleurant, certainement pas mes chers! Et pourtant...
     
          Un matin parmi d'autres, l'envie me pris, soudaine, de partir en balade. Après quelques foulées, une plage isolée et toute ensoleillée, m'offrit son sable fin et sa mer déchaînée. M'approchant du rivage, une masse échouée attira mon regard. C'était un grand dauphin qui portait en son flanc une tâche rougeoyante, s'écoulant sur la grève qui s'en était gorgée. Plus d'espoir permis, cet être magnifique venait de trouver là une mort bien sordide. Dans ma tristesse intense de voire ce pauvre corps, privé de toute vie par un pêcheur sans cœur, une chose me glaça, me transperça alors...il souriait encore...

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    Au soleil levant, les hommes partent en mer,
    dans leurs barques légères, le harpon étincèle,
    à leurs doigts frénétiques, les filets s'entremêlent,
    à leurs bouches vibrantes, tout le goût de la guerre.
     
    Dans un bassin rongé par la rouille et l'ennui,
    un tursiops entre en scène dans la clameur des cris,
    il saute de ci de là sans passion ni envie,
    abrutis du vacarme et de l'incessant bruit.
     
    C'est le grand dauphin bleu qu'ils recherchent en ce jours,
    le tuer ou l'attraper, peu importe ou tant pis,
    il en faut des centaines, des milliers si possible,
    pour nager sans complexe dans un or rougit.
     
    Dans un ultime regard à son public infâme,
    le virevoltant captif entame son dernier souffle,
    il meurt dans un sourire, lacéré de douleur,
    éventré par l'ardeur de ces rires meurtriers.
     
    La mer saigne, s'écartèle devant l'horreur humaine
    mais les chasseurs, réjouis de ces milles cadavres,
    entonnent le chant macabre de leur sordide besogne,
    en scalpant, bafouant, les dauphins arrachés.
     
    Un seul est préservé
    il est l'ultime trésor
    que l'on enverra crever
    dans un delphinarium.

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