Il suffit d'un instant, de ce regard bleuté
pour balayer d'un trait cette immense océane
que l'on croyait chahut de blancheur et d'azur
Elle offre soudainement ses profondes abîmes
dans une voix brisée, perlant sur les rochers
qui prolonge l'écho des paroles marines
l'homme n'entends plus la lame,
mais la rumeur sauvage de richesses intimes
venant s'échouer là, indomptable beauté
Son esprit roule et plonge au sein de cette image
les ténèbres s'allongent et la lumière se fait
au yeux du voyageur qui rencontra la mer
Il oublie le soleil, sa clarté et son ciel
cet astre devient roi des profondes abysses
sculpteur insaisissable de décors chimériques
Le temps n'a plus sur lui sa terrible influence
il revit son absence et sa longue décente
lorsqu'il était là-bas au creux des océans
Son regard est le seul, vestige des souvenirs
car la mer prends tout
de la parole au corps
Elle sait devenir reine de l'homme pitoyable
en lui offrant de voir au son de son silence
toutes ses humbles grandeurs qu'elle protège en son antre
La mer n'est plus pour lui cet implacable ennemi
allant de déferlantes de vagues et de tempêtes
insatiable guerrière et toujours meurtrière
Elle devient seule puissance a se voir condamner
de plonger la tourmente et les maux de l'homme grave
dans la quiétude sereine d'une volupté douce
Perdu à tout jamais dans le reflux des vagues
il y voit le souvenir de l'être majestueux
qui balaya son corps et happa son esprit
Il vogue maintenant dans ce monde sans souffle
il entends et comprends ce chant qui est le sien
brulé par le désir de rejoindre les fonds
Son corps peu être à terre
son esprit est aux mers
il le sait, il le sent, il y retournera