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          Figure de légende qui inspire la méfiance, le dauphin d'eau douce, qui peuple les fleuves d'Amazonie, utilisé comme appât pour la pêche, est en voie d'extinction.
     
          Créatures magiques, capables de se changer en hommes et féconder les femmes, les dauphins roses ont inspiré les musiciens brésiliens, entonnant avec passion « l'œil du dauphin de rivière ». En revanche, pour Ronan Benicio Rego, un pêcheur d'Igarapé do Costa, état de l'Amazonas, les dauphins roses sont à la fois des concurrents et des proies.
     
          Il en a déjà tué plusieurs pour s’en servir comme appât à la pêche aux poissons-chats, qui seront vendus ensuite au Brésil et en Colombie.  “On veut gagner de l’argent”, déclare M. Rego, 43 ans, chef du village. Deux dauphins morts peuvent rapporter dans les 2 400 dollars [environ 1 700 euros] en poissons-chats pour une seule journée de pêche, explique-t-il.  Même si les dauphins roses sont protégés, les pêcheurs les considèrent comme des concurrents pour la pêche, qui nourrit leur famille. Parfois, leur frustration déborde: “Il m’est arrivé d’en harponner par pure méchanceté”, reconnaît M. Rego. 

          Le massacre des dauphins est en augmentation dans la région. C’est un symbole historique de l’Amazonie qui est menacé, et cette menace illustre la difficulté de protéger l’environnement sur un vaste territoire. Selon les chercheurs et les autorités, des centaines, sinon des milliers de dauphins, parmi les quelque 30 000 dauphins peuplant la région de l’Amazone, meurent chaque année. 

          Pour Miguel Miguéis, 41 ans, un chercheur portugais de l’université fédérale du Pará occidental qui étudie les populations de dauphins de rivière dans les environs de la ville de Santarém, on court à l’extinction de l’espèce. “Ils sont en train de tuer leur culture, leur folklore”, reproche-t-il aux riverains. 

          A quelques heures de navigation de là, dans la réserve de Rio Trombetas, un affluent de l’Amazone où les dauphins voisinent avec des hordes de piranhas et de crocodiles, Miguéis déclare avoir vu la population de dauphins passer de 250 en 2009 à un peu plus de 50 individus au début de l’année 2011. 

          Les gens d’ici, au cœur de l’Amazonie, sont pour la plupart indifférents à ces massacres. Sur un marché de Santarém, on peut acheter les parties génitales du dauphin en guise de porte-bonheur pour les questions de sexe et d’amour. Des bocaux d’huile de dauphin trônent avec de l’huile d’anaconda et de crocodile. La potion d’huile de dauphin, qui coûte dans les 25 dollars [environ 17 euros] la petite bouteille, sert à soigner les rhumatismes, explique la marchande. 

          Les légendes locales, qui sont bien antérieures à l’arrivée de Christophe Colomb dans le Nouveau Monde, enseignent aux habitants de l’Amazonie qu’il faut respecter les dauphins roses tout en s’en méfiant, car ils ont des pouvoirs magiques et peuvent faire du mal. Légendes mises à part, le massacre des dauphins de l’Amazone commence à inquiéter sérieusement les autorités brésiliennes. 

          Ibama, l’agence brésilienne de protection de l’environnement, prévoit de mener une enquête pour savoir si les pêcheurs brésiliens ne sont pas impliqués dans des activités criminelles organisées, ayant des ramifications en Colombie.  De fait, il y a une dizaine d’années, la surpêche du capaz, un poisson très apprécié en Colombie, a provoqué l’effondrement des réserves et la quasi-disparition de l’espèce, explique Fernando Trujillo, le directeur scientifique de la fondation Omachal, une association écologiste de Bogotá. Pour le remplacer, les professionnels du poisson et les marchands se sont tournés vers le piracatinga (le poisson-chat) du Brésil.  “Le consommateur n’a aucune idée de ce qu’il achète et consomme, déplore M. Trujillo. Et il se doute encore moins qu’on tue des dauphins pour attraper ce poisson.” Les pêcheurs d’Igarapé déclarent avoir eu l’idée de cette pêche grâce à des pêcheurs colombiens. Ils se sont vite aperçus que le poisson-chat était une manne potentielle. “En deux heures seulement, on se faisait 100 reais [près de 45 euros]. C’était rapide”, confie M. Rego.  Il affirme, comme d’autres, avoir arrêté de tuer des dauphins il y a à peu près un an, de peur que les autorités ne réagissent. Désormais, affirme-t-il, il se sert de viande de porc pour attraper les poissons-chats. Mais deux femmes de pêcheurs déclarent cependant que les pêcheurs continuent à tuer des dauphins, parfois devant chez eux. “J’en ai vu beaucoup mourir ici”, assure l’une d’elles.
     
          A Bogotá, écrit le correspondant du New York Times en Colombie, Andrés Garcia, 31 ans, qui tient une poissonnerie sur le marché Paloquemao, affirme qu’il arrêterait de vendre du poisson-chat s’il savait qu’il était pêché avec de la viande de dauphin. “Il y en a plus d’un chez nous qui dirait non à ce procédé. Je ne voudrais pas soutenir quelque chose comme ça.” Pourtant, poursuit The New York Times, M. Trujillo, de la fondation écologiste Omacha à Bogotá, a trouvé du poisson-chat pêché à la viande de dauphin chez deux grands distributeurs d’alimentation de Colombie, Exito et Carrefour. Les chargés de communication de ces deux enseignes ont rétorqué que leur société n’achetait pas leur poisson-chat au Brésil mais au Venezuela, mais M. Trujillo doute qu’elles sachent comment on le pêche.

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  •       Armand et Michaëla DENIS sont au Japon, dans la presqu'île d'Izu, au village de pêcheurs de Kawara où se pratique la pêche aux dauphins. Ils assistent à cette pêche à l'entrée de l'hiver quand les dauphins émigrent. Lorsqu'un banc de dauphins est signalé, les pêcheurs les encerclent avec leurs barques et battent l'eau à l'aide de grandes perches en bambous puis les attrapent dans des filets et les saisissent par les ouies pour les monter à bord des bateaux. Ces mammifères sont ensuite ramenés à terre et livrés à la coopérative. Tous les ans, une grande fête est organisée au village pour remercier dieu, des chars défilent dans le village et les plus âgés chantent des prières. Dans le respect des coutumes shintoistes, les villageois portent le mikochi, une sorte de dais sacré, pour l'emmener à la mer, tandis que les prêtres restés sur la plage récitent des prières. Après son immersion, le Mikochi est monté au sanctuaire. 

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          La dernière réunion de la Commission baleinière internationale (CBI), à Panama, a soulevé, par le fait d'une ONG allemande, le cas du dauphin de Maui de Nouvelle-Zélande. Très rare, ce cétacé est en extrême danger d'extinction. Ne voyez aucune cause naturelle à cela! Il se voit tout simplement et littéralement décimé par les engins de pêche côtiers!
     
          « Soyez sûrs que ces magnifiques dauphins sont en train de suivre le même chemin que le Dodo [cet oiseau néo-zélandais éradiqué par la chasse], et que le gouvernement de Nouvelle-Zélande est au courant de cela. A moins que quelque chose ne se passe immédiatement, et le gouvernement en a bien pris acte, le seul endroit où vous pourrez voir un dauphin de Maui, ce sera empaillé dans un Muséum », a averti le Dr Barbara Mass, de l'ONG environnementale allemande NABUInternational.
     
          Ayant pris la parole lors de la dernière CBI, cette scientifique spécialiste a travaillé pour les autorités environnementales néo-zélandaises. De part l'urgence de la situation, le but de cet intervention était celui de déclencher une prise de conscience quant au cas du dauphin de Maui. Le constat est en vérité plus que funeste! Selon le Dr Mass, les mers et océans ne compteraient plus que 22 femelles reproductrices de cette rare sous-espèce du petit dauphin d'Hector et endémique de Nouvelle-Zélande. Elément révoltant, comme l'a souligné la spécialiste, la principale menace qui pèse sur ces cétacés pourrait largement être contrôlée!
     
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          En effet, ce dauphin côtier, reconnaissable entre autre à son aileron arrondi, est depuis des années victime des filets maillants en nylon installés le long du rivage par les puissantes industries de pêches. Ce prenant dans les mailles et n'arrivant plus à s'en dégager, les dauphins succombent et meurent en nombre ahurissant! Ainsi, et d'après les chiffres, sa population aurait chuté de 94% depuis les années 1970!
     
          Notons que la chose aurait pu être évitée car le Dr Mass n'est pas la première, loin de là, a avoir dénoncé ces filets mortuaires! Les organisations de protection se sont ainsi acharnées à pointer du doigt, depuis des années, ce fléau. Cependant, rien, absolument aucune mesure n'a été menée pour empêcher ce massacre! L'initiative internationale, née au début de l'année et soutenue par le docteur Mass, visant à pousser le gouvernement à interdire l'utilisation des filets maillants dans les zones d'habitat du dauphin de Maui, est ainsi restée lettre morte. Et en réalité, la chose est compréhensible...qu'est-ce que l'extinction d'une espèce face aux milliards de dollars et d'euros, entre autres devises, générés par la pêche industrielle? Entre intérêts financiers et préservation des océans, le choix est vite effectué...
     
          Ainsi, lorsque le dauphin de Maui ne sera plus qu'un vulgaire animal mort, laissé en pâture aux quelques visiteurs de musées, il sera bon de se rappeler cela et d'inscrire sur la plaque d'or figurant sur le socle du cadavre embaumé: « Spécimen d'une espèce, jadis flamboyante, qui s'est vue assassinée et décimée pour une poignée d'écus »

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