•  Allons donc pauvres fous
    Vous qui voyez fleurir au bout de vos éperons
    Une haine violente pour l'être fait de grâce qui se dresse devant vous
     
    Aveuglés par le sang ou l'argent
    Etes vous devenus aveugles à cette grâce immense
    N'avez vous plus de cœur pour faire taire vos lances?
     
    Vous tuez d'un sourire
    Vous emprisonnez d'un rire
    Les derniers rois vaillants d'un monde en perdition
     
    Quelques poignées d'écus
    Quelques mets délicieux
    Et l'aveu consternant que cela justifie l'assassinat perfide dont vous êtes les auteurs
     
    Que ferez-vous alors
    Lorsque s'élevant en vengeur
    Le dauphin rappellera ses instincts de chasseur?
     
    Vous le nommerez cruel
    Vous le couronnerez tueur
    Effaçant la trace vive de son sang sur vos mains.
     
    La nature a ses lois
    Faites en fi, mes chers, je vous en prie
    Mais le jour viendra où de ses droits, elle résonnera...
     
    Ne pleurez pas alors
    Mais vibrez du souvenir
    Que vous êtes les auteurs de ce propre malheur!

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  • Peinte en 1512 dans la villa Farnèse, à Rome, cette fresque de Raphaël
    illustre le triomphe de Galatée, une divinité grecque. 
    Son char est tiré par deux dauphins.

    Les dauphins figurent dans l'imaginaire de tous les peuples du monde, symboles d'amitié et de fidélité.

          Depuis toujours, les dauphins fascinent les hommes, occupant une place de choix dans les croyances de nombreux peuples côtiers. La plus ancienne fresque représentant des dauphins, celle de Cnossos en Crète, date de 1600 avant J-C.

      
    La fresque de Cnossos représente des dauphins communs.
     
     
    Comme dans beaucoup de dessins antiques, le rostre des cétacés
    ressemble à un bec de canard.
     
          Dès l'Antiquité, chez les Grecs Anciens, ces animaux, qui partageaient leur quotidien, ont aussi pénétré leur imaginaire collectif. Ils étaient vénérés comme autant de messagers en relation directe avec les dieux. Apollon se serait même transformé en dauphin pour fonder le fameux sanctuaire de Delphes.
     
     
    Selon la mythologie, l'oracle de Delphes fut fondé par Apollon,
    qui se transforma,pour l'occasion, en dauphin.
    Sur le fronton du temple était sculpté le petit cétacé.
     
    Le dieu Poseidon, accompagné d'un dauphin.
     
          L'un des compagnons d'Apollon, Delphinos, était un  d'ailleurs un dauphin. Et pour cause, ces sympathiques animaux représentaient pour le dieu de la beauté, la personnification de la vertu, de l'amour des hommes et de la joie de vivre.
     
          Sur tous les continents, au Brésil, au Canada, en Mauritanie ou au Viêt-Nam, les légendes anciennes font état de naufragés sauvés par des dauphins. Dans la mythologie grecque, ils sauvent Arion. Ce poète et musicien a été en effet jeté à la mer par de cruels pirates. Charmé par le son de sa lyre, un dauphin l'a pris sur son dos et ramené au rivage.
     
     
     
    Le dauphin ramenant Arion au rivage.
     
          Une légende grecque conte également la fabuleuse histoire de Dionysos et des pirates. Capturé par les bandits, le dieu du vin est ligoté au mât de leur navire. Il accomplit alors une série de prodiges, dénouant les noeuds qui l'attachent au mât avant d'y faire pousser de la vigne et du lierre. Il transforme ensuite les avirons en serpents et se métamorphose en lion. Pris de panique, les pirates se jettent à la mer et sont changés en dauphins. Depuis cette aventure, ces cétacés portent assistance aux navigateurs.
     
          L'amitié entre les dauphins et les hommes est non seulement légendaire mais elle s'inscrit aussi dans une constante image de la fidélité. Selon le savant romain Pline l'Ancien, un dauphin qui s'était lié d'amitié avec un adolescent, le transportait tous les jours d'une rive à l'autre de la baie de Naples pour le conduire à l'école. A la mort du jeune homme, emporté par une grave maladie, le dauphin fut si affecté qu'il en mourut de chagrin.
     
    Sous l'empire romain, les dauphins étaient vénérés. A Rome, ils constituent
    le motif décoratif de nombreuses mosaïques antiques.
     
        
    La fontaine Piazza Mattei à Rome, cerclée de dauphins sur lesquels les 
    hommes sont juchés.
     
    La fontaine Neptune à Rome, représentant le dieu entouré de dauphins.
     
          Les peuples de Polynésie admiraient eux aussi les dauphins. Selon une légende, il y a très longtemps, ces animaux les ont guidés en escortant leurs pirogues sur l'immensité de l'océan pacifique. L'objectif était de trouver l'île fertile de leurs rêves que l'on nomme à ce jour Nouvelle-Zélande. Mais lorsqu'ils furent en vue de leur terre promise, les Maoris furent balayés par un violent cyclone. Ils grimpèrent alors sur le dos des dauphins qui les amenèrent jusqu'au rivage de leur nouvel éden.
     
     
          Ainsi, les légendes et mythes sur les dauphins sont des plus nombreux et emplissent la mémoire de chaque peuple. Comme l'on dit souvent, derrière chacune des ces histoires fantastiques et grandioses, se cache une part de vérité, plus ou moins importante. J'aime croire qu'en ce qui concerne les dauphins, la part de réalité prend le pas sur le légendaire. Je les ai rencontrés et peut-être ai-je des raisons d'y croire...

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          Me voici, moi, ancienne divinité déchue par ce nouveau monde qui m'échappe. Autrefois, j'appartenais à ce "peuple des mers", empli de cette liberté qui coule dans nos veines. Je nageais,  parcourais mille lieues, bercé par une vitesse effroyablement savoureuse. Ma vie, cet immense tourbillon de jouissance et de paix, ne pouvait être ailleurs qu'au creux des océans. Tourner, virevolter dans cette eau profonde et silencieuse, chasser ces poissons frais et ô combien délicieux, exister aux côtés des ces êtres, toujours ancrés là, quelque part, au fond de moi...ma famille. J'étais vivant...
     
          Mais ma route croisa le chemin de ceux que l'on nomme hommes, et tout ce qui me faisait être moi, s'éteignit peu à peu avant de disparaître à jamais. L'on me captura, l'on m'arracha à ma famille, à mes amis, pour m'enfermer, me séquestrer, me rendre l'otage d'une eau qui n'est pas mienne. J'ai presque oublié la saveur de la mer, son pouvoir bienfaisant. Mon audace, ma rage d'évasion à laquelle je tenais tant, toutes ces choses ne sont que lointains souvenirs auxquels je m'accroche. J'étais fier et gracieux et me voilà aujourd'hui esclave...mes jeux autrefois résonnant d'une profonde félicité, ne sont plus que les faits d'un pitoyable clown, contraint aux sourires pour ne pas dépérir. Car les hommes ont certains arguments auxquels je ne peux m'opposer. C'est de leurs mains que le poisson arrive, mort et sans saveur, mais c'est bien lui qui me fait survivre. 
     
          Le silence des profondeurs lui aussi appartient aux bribes de ce passé qui s'efface chaque jour un peu plus. Ma tête est emplie de cris qui m'assaillent et m'effraient. Qui sont donc ces gens qui se régalent de mon malheur? Ne voient-ils rien? Les hommes semblent cruels...mais le sont-ils vraiment? Peut-on faire autant de mal de manière consciente? Il me plaît de croire que la réponse à cette question est non et pourtant...mon esprit est en proie aux doutes...
     
          Mon corps tout entier résonne de mon malheur. Chaque heure fait place à un nouveau mal qui me terrasse peu à peu. Mes entrailles se tordent et se soulèvent, ma peau s'écaille, se fend et se déchire, mon coeur s'étouffe et devient muet...
     
          Jamais je ne reverrai l'océan et son souffle profond de liberté...Je meurs ici, dans les mains des hommes, rendus fous par un amour violent et dévastateur. Voici ainsi ma dernière respiration...il paraît que la mort n'est qu'un autre chemin...empruntons-le alors car je ne puis me résoudre à demeurer ici, me perdre et devenir un autre, faire offense aux miens et délaisser à jamais ce qui bat au fond de moi...

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